Fracaso, poema de Rafael Cadenas traducido al francés

Rafael Cadenas

Fracaso

Rafael Cadenas

Traducción al francés, por Carlos Armando Figueredo Planchart

Cuanto he tomado por victoria es sólo humo.

Fracaso, lenguaje del fondo, pista de otro espacio más exigente,
difícil de entreleer es tu letra.

Cuando ponías tu marca en mi frente, jamás pensé en el mensaje
que traías, más precioso que todos los triunfos.
Tu llameante rostro me ha perseguido y yo no supe que era para
salvarme.
Por mi bien me has relegado a los rincones, me negaste fáciles
éxitos, me has quitado salidas.
Era a mí a quien querías defender no otorgándome brillo.
De puro amor por mí has manejado el vacío que tantas noches
me ha hecho hablar afiebrado a una ausente.
Por protegerme cediste el paso a otros, has hecho que una mujer
prefiera a alguien más resuelto, me desplazaste de oficios suicidas.

Tú siempre has venido al quite.

Sí, tu cuerpo llagado, escupido, odioso, me ha recibido en mi más
pura forma para entregarme a la nitidez del desierto.
Por locura te maldije, te he maltratado, blasfemé contra ti.

Tú no existes.
Has sido inventado por la delirante soberbia.
¡Cuánto te debo!
Me levantaste a un nuevo rango limpiándome con una esponja
áspera, lanzándome a mi verdadero campo de batalla,
cediéndome las armas que el triunfo abandona.
Me has conducido de la mano a la única agua que me refleja.
Por ti yo no conozco la angustia de representar un papel,
mantenerme a la fuerza en un escalón, trepar con esfuerzos propios,
reñir las jerarquías, inflarme hasta reventar.
Me has hecho humilde, silencioso y rebelde.
Yo no te canto por lo que eres, sino por lo que no me has dejado
ser. Por no darme otra vida. Por haberme ceñido.

Me has brindado sólo desnudez.

Cierto que me enseñaste con dureza ¡y tú misma traías el cauterio!,
pero también me diste la alegría de no temerte.
Gracias por quitarme espesor a cambio de una letra gruesa.
Gracias a ti, que me has privado de hinchazones.
Gracias por la riqueza a que me has obligado.
Gracias por construir con barro mi morada.
Gracias por apartarme.
Gracias.

(De Falsas maniobras, 1966)

 

Défaite

Bien que je n’aie jamais eu un boulot

Qu’affaiblit devant tout adversaire

Qu’ayant perdu les meilleurs titres pour la vie

Qu’en arrivant à un lieu je m’en vais (comme si le déménage servirait)

Que les plus aptes m’ont nié et bafoué’

Que je m’appuie sur les murs pour ne pas tomber

Que je suis sujet de mon propre rire

Que je crus l’éternel de mon père

Que fus humilié par les profs littéraires

Qu’un jour j’offris mon aide et grand rire fut réponse

Que jamais pourrai-je bâtir un foyer, ni être brillant, ni triompher dans la vie

Que ce sont beaucoup ceux m’ayant abandonné, du fait que je ne parle guère

Que j’ai honte des actes jamais commis

Que peu m’à manqué pour courir sur la rue

Qu’ai perdu un centre que jamais ait heu

Que fus pour beaucoup le clown du fait de vivre aux nuages

Que jamais trouverai-je qui m’appuie

Que fus laissé de coté pour plaire ceux plus misérables que moi

Que c’est ainsi que je passerais toute la vie et que l’année prochaine serai-je moqué bien des fois pour ma ridicule ambition

Que souffre fatigue due aux conseils d’autres plus engourdis que moi (« Vous êtes très arriéré, fouettés vous, réveillez -vous»)

Que jamais pourrai-je visiter L’Inde

Que des faveurs j’ai reçu sans les rendre

Qu’à la ville je me mène d’un coté à l’autre tel une plume

Que je laisse que d’autres m’entrainent

Que je manque de personnalité et n’en veut pas

Que tout le jour ma rébellion je la cache

Que n’ais pas cherché les bandes

Que n’ais rien fait pour mon peuple

Que n’ais rien à voir avec le FALN et me désespère devant toutes ces choses et     d’autres dont leur numération serait interminable

Que ne peux sortir de ma prison

Qu’étant inutile j’ai été radié partout

Qu’en réalité n’ais pas pu me marrier, ni aller à Paris ni avoir un jour de sérénité

que refuse connaitre les faits

Que bave toujours sur mon histoire

Que suis imbécile et plus qu’imbécile de naissance

Que perdis le fil du discours qu’avais dans ma tête et n’ait pu le trouver

Que souffre et pleure quand je le désire

Que partout suis en retard

Que tant de marches et contremarches m’ont ruiné

Que souhaite parfaite immobilité et brise impeccable

Que ne suis pas ce que suis et que ne suis pas

Que malgré tout j’ai un orgueil satanique même qu’à certaines heures j’étais humble jusqu’à joindre les pierres

Qu’ai vécu quinze ans au même cercle

Que m’ai cru prédestiné pour ce qu’est hors du commun et rien ai achevé

N’aurais jamais de cravate à mon cou

Que ne trouve pas mon corps

Que par éclaires j’ai perçu ma fausseté et n’ais pu m’abattre, tout balayer et créer mon indolence, ma flottation, une nouvelle fraicheur m’à égaré, et obstiné me suicide à portée de ma main

Me lèverai du sol encore plus ridicule continuant à me moquer des autres et de moi jusqu’au jour de jugement final.

  • Traducción de Carlos Armando Figueredo Planchart. Poeta, Traductor público en inglés y francés. Traductor en alemán, italiano y portugués. Abogado y profesor en Derecho Penal.

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